Pourquoi Cityshake, studio d’innovation basé à Hong Kong, a choisi Thiers pour sa résidence d'été ?

Le projet Synegram, porté par le studio Cityshake, en résidence à la Croix de fer à Thiers cet été, permet d’apprendre la musique d’une façon logique, à partir de formes géométriques.

La Croix de fer, Centre de pratiques artistiques et culturelles contemporaines, dans la vallée des usines à Thiers (Puy-de-Dôme), est le théâtre de nombreuses créations. La dernière en date : l’accueil, en résidence, tout au long de l’été, d’un studio d’innovation basé à Hong Kong, Cityshake.

"On peut faire des choses ici qu’on ne peut pas faire en Asie. À la Croix de fer [Centre de pratiques artistiques et culturelles contemporaines, CPACC, ndlr], nous avons le temps et l’espace." Voici, en quelques mots, ce qui explique la venue des artistes de Cityshake, studio créé en 2016, basé à Hong Kong et Shanghai, pour les mois d’été à Thiers.

C’est la 5e fois que le studio d’innovation, spécialisé dans la recherche et le développement dans l’art et la technologie, réalise une résidence, mais la première dans la cité coutelière. Le lien entre Pierre Blaise Dionet, le fondateur de Cityshake, et Christophe Ménager, le propriétaire de la Croix de fer, s’est fait un peu par hasard.

“Nous avons été mis en relation par une connaissance commune. Christophe nous a fait visiter l’espace, et le fait qu’il y ait une âme, plusieurs lieux en un même endroit, le tout un peu brut, nous a séduits. Et l’esprit de Christophe aussi”.

Le fruit du travail de cette résidence sera livré au grand public au mois de septembre, très probablement au moment des journées du patrimoine, qui se tiendront le week-end des 16 et 17 septembre. "Ce sera le lancement officiel de la saison culturelle, dévoile Christophe Ménager. Ce sera la première réalisation concrète, mais la culture vit déjà depuis un moment dans ce lieu", ajoute le propriétaire. Ce fut le cas notamment dernièrement avec le tournage d’un documentaire pour France 2 sur l’histoire de Michelin.

Ils inventent un langage pour apprendre la musique

En matière de concret, les membres de Cityshake travaillent sur plusieurs projets différents. "Les domaines sur lesquels nous pouvons intervenir sont très larges", précise Pierre Blaise Dionet. Exemple : le projet d’éducation musicale en cours de développement, Synegram, qui a dépassé le stade de recherche, et est devenu une société à part entière.

"Nous avons inventé un langage qui permet d’apprendre la musique de manière logique. Je ne sais pas pourquoi personne n’a fait ça avant nous", s’interroge avec malice Pierre Blaise Dionet, qui est à la manœuvre avec David Bensimhon. Baptisé Synegram, le projet a pour but de révolutionner "l’apprentissage de la musique pour tous reposant sur la visualisation de la musique".

Si ce projet-là est déjà particulièrement abouti, la résidence thiernoise va permettre à Cityshake de le finaliser, notamment en le testant auprès de différents publics. "Nous avons organisé des beta classes dans le quartier de Croix de Neyrat à Clermont-Ferrand pour présenter le concept, cela avait hyper bien fonctionné, nous avons envie de le remettre en place ici à Thiers", confient les fondateurs. Autre piste de travail en cours d’exploration pour Cityshake, une exposition baptisée "Transmutation". 

"Il s’agit du deuxième chapitre d’un cycle d’expositions plus global explorant le principe de la synesthésie qui décrit la capacité de fusionner plusieurs sens en une seule perception." L’exposition sera présentée à la fin de l’été sous la forme d’une série d’œuvres saisissant des instants choisis et d’une expérience immersive. Elle sera par la suite présentée à Shanghai à la fin de l’année. Cette exposition plongera le public au cœur de la transmutation, principe alchimique qui décrit de manière poétique la transformation et le mouvement de la matière.

Les membres de Cityshake ont encore plusieurs semaines devant eux pour finaliser leurs projets, avant de les présenter au public, qui pourra découvrir leurs travaux, mais aussi le lieu atypique qu’est la Croix de fer.

Sarah Douvizy